Éclairage et sobriété énergétique : un nouveau guide pour aider les élus à passer à l’action

Les Éco Maires et le Syndicat de l’éclairage ont présenté ce 13 octobre un nouveau guide destiné aux collectivités qui entend faire la chasse aux idées reçues en matière d’éclairage extérieur et intérieur. Conçu à partir de retours de terrain, il prodigue quelques conseils simples aux élus qui hésitent encore à engager des chantiers de rénovation dans ce domaine.

“Rénover l’éclairage plombe le budget municipal”, “Inutile de remplacer des lampes qui fonctionnent !”, “Réduire l’éclairage affecte la sécurité des habitants !” : ce sont trois des huit “fausses idées” figurant dans le guide sur l’éclairage destiné aux collectivités que les Éco Maires ont réalisé avec le Syndicat de l’éclairage, l’organisation professionnelle du secteur. Présenté ce 13 octobre, il a été élaboré à partir des interrogations d’élus que les Éco Maires ont recueillies ces deux dernières années lors de rencontres dans les territoires avec leurs adhérents – 1.800 collectivités aujourd’hui, principalement situées en milieu rural. “Sur la question de l’éclairage, nous constatons que les idées reçues persistent, témoigne Maud Lelièvre, déléguée générale de l’association. Il y a d’abord un problème d’acceptabilité sociale de l’extinction de l’éclairage public, pour des raisons de sécurité, les élus craignant une hausse des agressions. Mais il y a aussi la crainte des petites communes de ne pas avoir les mêmes moyens que les grandes pour changer l’éclairage. L’idée de les accompagner est donc apparue.”

Gisement d’économies considérable

Le guide élaboré avec le Syndicat de l’éclairage se veut donc avant tout pragmatique pour répondre de manière simple aux questions que se posent les maires avant de lancer un chantier de rénovation de leurs luminaires. C’est l’argument budgétaire qui est d’abord mis en avant car l’éclairage public est “un gouffre énergétique et financier qui pèse sur les factures des collectivités uniquement s’il est mal entretenu et ancien”, assure le guide qui s’appuie pour une large part sur des données de l’Ademe. Il constitue ainsi 9% de la consommation totale d’électricité en France et 32% des dépenses d’électricité des communes de métropole. “Rénover le parc de luminaires permet une économie d’énergie estimée entre 50 et 80%, souligne ainsi le guide. En prenant la fourchette la plus basse, la rénovation de son éclairage public par la commune lui apporte une réduction immédiate de plus de 10% en termes de dépenses totales d’électricité.” Quant à l’argument selon lequel un projet de rénovation entraînerait un surcoût considérable pour les finances locales, il est aussi vite contrecarré. “Si le parc de luminaires est vieillissant et énergivore, le remplacer par de nouvelles technologies et y associer des systèmes intelligents pourrait réduire les coûts d’énergie et de maintenance de 4 à 5 fois”, le tout avec un retour sur investissement complet “de l’ordre de 5 à 7 ans”, estime le guide, qui s’inscrit dans la droite ligne du plan de sobriété présenté par le gouvernement le 6 octobre. Au niveau national, “remplacer le million de luminaires conçus pour des lampes à vapeur de mercure économiserait 350 millions de de Kwh d’énergie annuelle (22.470 tonnes de CO2) pour un budget d’investissement estimé à 1,5 milliard d’euros”, appuie-t-il.

Retard sur les LED et l’éclairage “intelligent”

Autre idée fausse à combattre, selon les auteurs du guide : garder plus longtemps les luminaires existants qui fonctionnent avant de songer à une rénovation de l’installation. Alors que les lampes à mercure ne sont plus commercialisables depuis 2015 dans l’Union européenne, elles représentent encore 20% des lampes installées et 40% des luminaires en service en France ont plus de 25 ans. Moins de 20% de l’éclairage public a ainsi été rénové en technologie LED (diodes électroluminescentes) malgré les avantages qu’elle procure : durée de vie plus longue (jusqu’à 100.000 heures d’éclairage public pour les modules LED contre quelques milliers pour les lampes traditionnelles), meilleure efficacité énergétique (deux à quatre fois moins d’électricité consommée, à éclairage égal) et possibilité d’être associée facilement à des systèmes d’éclairage “intelligents” permettant d’optimiser leur pilotage. Le guide cite en exemple la ville de Paris qui, en passant aux LED (70.000 points lumineux installés, 12.000 supports rénovés) réalise un gain énergétique de 240 GWh sur les dix ans cumulés de son programme.

Selon François Darsy, membre du Syndicat de l’éclairage, l’extinction complète de l’éclairage la nuit n’est pas non plus “la meilleure solution” pour faire des économies, dans la mesure où “une installation vieillissante que l’on éteint partiellement consommera toujours globalement plus qu’une installation moderne”. “Pour concilier au mieux les enjeux de biodiversité et les besoins humains, une gestion différenciée de l’éclairage est nécessaire”, souligne le guide qui estime que l’arrivée des réseaux intelligents permet justement de faire varier l’intensité de l’éclairage, une pratique qui ne concerne aujourd’hui que 8% des communes. “Il faut réfléchir rue par rue. Éteindre l’éclairage où se trouvent des restaurants, des cinémas, c’est risquer d’éteindre ces activités”, plaide aussi Maud Lelièvre. Mieux vaut donc, selon elle, opter pour des LED et pour des technologies “pilotables” selon les lieux, les heures ou associées à des capteurs de présence.

Le guide bat aussi en brèche l’idée selon laquelle l’éclairage “intelligent” consomme plus que l’éclairage classique. Il reprend des données déjà mises en avant par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) dans son guide sur l’éclairage public intelligent paru au printemps, qui faisait état de 30% d’économies générées par l’éclairage public capable de s’allumer à la demande. L’Ademe, pour sa part, estime qu’intégrer des systèmes LED intelligents aux luminaires remplacés peut réduire les coûts d’énergie et de maintenance d’un facteur 4 à 5.

Éclairage intérieur des bâtiments à rénover lui aussi

Le guide invite également les élus à ne pas négliger les économies à réaliser sur l’éclairage intérieur des bâtiments (3,4 TWH de consommation pour les collectivités, à comparer aux 6 TWh de l’éclairage extérieur). Les efforts devraient porter notamment sur ceux des écoles (en tête des consommations), “des équipements sportifs et des infrastructures socioculturelles”. En effet, souligne le document, “les installations d’éclairage du tertiaire sont pour 80% obsolètes et majoritairement composés de tubes fluorescents dont la fabrication s’arrêtera en 2023” et “la présence de systèmes de gestion automatique (détecteurs de présence) de la lumière est rare”. L’Ademe chiffre à 8 euros/m² et par an le gain d’une rénovation des bureaux avec des luminaires contrôlés par des systèmes LED intelligents, rappelle-t-il.

Enfin, l’idée selon laquelle réduire l’éclairage entraînerait mécaniquement une hausse de l’insécurité reste à démontrer. Selon un sondage Ipsos de 2015, 91% des Français ont bien le sentiment que l’éclairage public de nuit “joue un rôle important pour leur sécurité”. Mais, “aucune statistique ne prouve qu’il y a plus d’incidents et plus d’insécurité”, met en garde Maud Lelièvre. Un lien a toutefois été établi par le Cerema entre baisse de l’éclairage et risque d’accidents pour les piétons.

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