Comment intégrer la biodiversité dans la planification urbaine… ou l’inverse ?

espace naturel ville

 

Un atelier des 12es Assises nationales de la biodiversité qui se tiennent à Besançon jusqu’au 9 septembre a souligné combien la planification urbaine, aux ressources encore sous-utilisées, pouvait être mise au service de la biodiversité. Si la lourdeur de sa mise en place peut constituer un frein pour les collectivités en mal d’ingénierie, elle ne saurait pour autant être une raison de baisser les bras, relèvent les intervenants. Qu’elle passe par le PLU ou d’autres outils, la lutte en faveur de la biodiversité semble en revanche condamnée, pour réussir, à remettre l’homme au cœur du projet.

Des outils sous-exploités

Agnès Hennequin, chargée de mission Aménagement biodiversité au sein de l’agence régionale pour la biodiversité et l’environnement Paca (Arbe), s’est ainsi employée à démontrer comment la planification était un outil “complémentaire, mais indispensable, aux outils de protection de la biodiversité”. Et de lister les différents instruments mobilisables à cette fin dans le plan local d’urbanisme (PLU) : plan de zonage et création de zonages indicés, localisation d’éléments ponctuels (comme un arbre remarquable), coefficient de biotope, coefficient de pleine-terre, orientations d’aménagement et de programmation, outil souvent sous-exploité, etc. L’experte attire toutefois l’attention sur la nécessité, en amont, de “bien identifier les enjeux, les continuités écologiques et de hiérarchiser”. Elle souligne encore combien la biodiversité, souvent vécue comme une contrainte, peut se révéler au contraire une opportunité, effeuillant ses différents bénéfices pour le territoire et ses habitants : effets sur le cadre de vie, diminution des risques (inondations, pollution…), maintien d’une filière alimentaire locale, confort thermique, etc., le tout rendant in fine le territoire plus attractif. Des bénéfices qu’il faut encore mettre en avant.

Des demoiselles et des hommes

Partir d’abord des habitants et de leurs attentes, c’est précisément ce que préconise Margot Pitois, chargée de projet au sein de Jura Nature environnement : “Il faut savoir à qui nous voulons nous adresser”, rappelle-t-elle, prenant l’exemple de la création d’une zone humide sur un ancien terrain vague d’un lotissement : “Il ne faut pas venir en disant ‘On va faire une zone humide pour les libellules et les demoiselles'”, préconise-t-elle, mais mettre en avant l’évolution du cadre de vie, les bénéfices induits par la zone en été, etc. Et d’alerter encore sur les risques de la position d’expert : “Dans la séance d’ouverture de ces assises, on formait le vœu que l’on était sorti de l’entre-soi. Mais nous sommes encore dans l’entre-soi. Et on le cultive, notamment en utilisant un vocabulaire de l’entre-soi. La biodiversité, ce n’est pas parlant pour tout le monde”, insiste-t-elle. “Tout le monde n’a pas fait biodiversité première langue”, pointait dans un autre atelier Pierre Billet, membre de la direction de la prévention et de la maîtrise des risques chez GRT Gaz.

Pas besoin d’un PLU pour agir

Comme d’autres intervenants de l’atelier, Margot Pitois pointe également la difficulté des petites communes à mettre en œuvre des projets, “faute de moyens financiers, mais surtout techniques”. “Les communes ont le sentiment d’avoir peu de visibilité et ne savent pas par quel bout prendre le dossier. Elles veulent agir, mais se sentent parfois démunies face à des lois, des PLU qui leur tombent dessus”, expose-t-elle, en relevant que les difficultés ne sont pas moindres “en l’absence de PLU, ou avec des PLU anciens dans lesquels la prise en compte de la biodiversité était faible”. Pas d’inquiétude toutefois, estime Agnès Hennequin : “On n’a pas nécessairement besoin d’un PLU pour agir. On peut d’abord développer des petits projets, et ensuite seulement bâtir ou faire évoluer le PLU”. “Il faut faire des communes des territoires d’expérimentation”, invite Margot Pitois, qui relève que les petites communes bénéficient d’un atout précieux : “une connaissance fine du territoire et de ses acteurs”.

Raconter une histoire

Pour faire face à ce “manque d’ingénierie dans les communes rurales”, la communauté du Grand Reims a pour sa part mis en place une démarche d’accompagnement présentée par Stéphane Delavallade, chef de son service Environnement. Elle consiste notamment à mettre en place “un pôle de compétences autour de la commune”, rassemblant différents acteurs incluant région, département, ONF, parc naturel, LPO, fédération de chasseurs… La démarche s’articule aussi autour d’un fil d’Ariane “en 15 points”, dont les deux premières étapes consistent à “replacer la collectivité dans son contexte historique et géographique” et à “trouver un fil conducteur qui caractérise la collectivité”. “Il faut raconter une histoire, il faut donner du sens”, recommande le fonctionnaire, qui insiste encore sur l’importance de la gouvernance du projet, “incluant citoyens et acteurs du territoire”, et sur la communication. Remettre l’homme au cœur de la biodiversité, en quelque sorte.

Lire l’article original sur le site de la Banque des Territoires

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